J- Samedi 10 juillet 2010 Modrudalur - Hallormsstadur

islandeJ10.jpg

 

Pour atteindre Askja, on doit rentrer "into the wild" comme dirait Bigfoot . Nous avons donc réservé le petit déj à Modrudalur au plus tôt, à 7h30. Ca pique un peu ... Mais au moins, à 8h10, nous sommes partis. Un must au petit déj : du pain chaud sortant du four : miam !

Nous voilà donc partis vers le Sud, vers l'inconnu, vers le sauvage, vers l'aventure ! Nous atteignons rapidement l'intersection avec la piste F905. Il nous faudra quasiment 3h pour atteindre le parking de l'Askja . David qui conduit aura trouvé ce trajet plutôt éprouvant. La piste change souvent d'aspect : blocs de lave à escalader, sable noir où il faut éviter de s'enliser, rocailles, etc ... Tout y est. Un vrai terrain de jeux pour les amateurs de 4x4. Traversée de 2 ponts en bois avec barrières "anti-moutons". Et surtout, les gués ... Deux dignes de ce nom sur notre chemin. Le premier, notre premier ! Bien qu'ayant pris connaissance des techniques de passage, un peu d'appréhension quand même. Repérage à pied pour trouver la trajectoire la moins profonde. Et on se lance en vitesse courte. Le moteur ronfle comme un tigre enragé, et ça passe les doigts dans le nez !

askja1.JPG2e gué, moins large mais méfions nous de l'effet "cuvette". Pas trop de difficultés tout de même à le traverser.

askja2.JPGNe vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Les gués sont toujours bas le matin, si la météo n'est pas à la pluie. Aujourd'hui, le temps est menaçant (pas de pluie s'il vous plaît !!) et il est dans les 10h du matin ... ça sera une autre histoire au retour ce soir .

La route est longue mais pas monotone, la composition de la piste change régulièrement.

Pierres ponces beiges caractéristiques de la région de l'Askja :

askja3.JPG

 

Position 4x4 pour franchir les blocs de lave qui couvrent en partie la piste par endroits :

askja4.JPG

 

Petits ponts en bois bienvenus pour certains gués ! :

askja5.JPG

 

Cette piste est épuisante pour le conducteur du fait de son irrégularité. On passe de parties très roulantes, à des tronçons techniquement difficiles où toute l'attention est requise. Et le passage de l'un à l'autre ne prévient pas !! La vigileance à chaque seconde est donc requise, et ce, pendant 3 heures ...

Les nuages sont trop bas. Impossible de distinguer l'Herdubreid, imposant volcan en plateau du secteur.

On arrive enfin à la gorge des dragons Drekagil où se situe le refuge. Petite pause avant d'attaquer l'ascension vers l'Askja. Petit Jimny cotoie des jeeps et 4x4 d'une autre catégorie. 

askja6.JPG

 

Cette gorge a l'air intéressante à explorer, mais nous sommes trop impatients de monter à la caldeira.

askja7.JPG

 

Nous reprenons Jimny qui nous emmène sur la piste F894 entre les champs de lave de 1961, pour les 8 derniers kms avant d'atteindre le parking et le passage permettant de pénétrer à pied dans la gigantesque caldeira de l'Askja. Nous croisons les doigts pour que le temps ne tourne pas à la pluie.

Il faut compter une bonne demi-heure de marche pour atteindre le St Grâal. Le paysage est désolé, oscillant entre le noir et le rouge, avec quelques névés persistants qui fondent. Il fait frais mais pas froid.

askja8.JPGaskja9.JPG

Il faut prendre garde où nous mettons les pieds. Des affaissements de terrain nous indiquent que nous marchons sur des poches de lave creuses ...

Enfin la caldeira de 45km2 se dévoile. Deux cerveaux et deux APN en ébullition.

askja10.JPG

askja16.JPG

askja13

 

Une partie de la caldeira (longue de 6km) est occupée par le lac bleuté Oksjuvatn, lac de cratère le plus profond d'Islande (217m) - inimaginable. Juste à côté, un plus petit lac d'eau chaude (20aine de degrés) vert laiteux comble le cratère Viti. Ces deux cratères explosifs sont apparus lors de l'éruption de 1875. La zone est toujours active. Le tour du cratère Viti est plutôt glissant à cause de la bruine qui a commencé à tomber. Pas forcément utile pour avoir une vue d'ensemble.

Cet endroit a quelquechose de sacré. On chuchote comme dans une église : peur de réveiller la bête ? On s'y sent si vulnérable. Une légende dans un livre de photographies sur l'Islande résume bien la situation : "Qu'y a-t-il, petits hommes ?". On ne s'y sent aucunement en sécurité. Mais quel spectacle ! Inoubliable.

Nous descendons jusqu'à la berge du lac Oksjuvatn, avec des cms de boue sous les chaussures. La plupart des touristes font le tour du Viti et rien d'autre. Ce lac a une apparence calme, l'eau est transparente et froide, mais on sent une atmosphère mystérieuse comme si un Nessie local était prêt à surgir des profondeurs. Quand je pense à un certain Bigfoot qui a osé y naviguer, ça me fait froid dans le dos. Brrrrr. Deux scientifiques Allemands ont tout de même disparus ici au début du siècle. De jolies pierres volcaniques peuvent être ramassées sur les rives.

askja12.JPGaskja14.JPGaskja15.JPGC'est à reculons que nous quittons la caldeira. Mais il nous reste beaucoup de chemin à parcourir pour arriver à notre point de chute cette nuit, avec cette inconnue que représentent les gués. Bien contents tout de même de retrouver le Jimny pour casser la croûte et parce qu'il tombe des cordes à présent !!

Sur le chemin du retour, l'Herdubreid montre enfin timidement le bout de son nez pied.

askja17.JPG

 

Un rayon de soleil et les paysages rendent toutes leurs couleurs et contrastes :

askja18.JPG

 

Désillusion à l'arrivée aux gués passés ce matin ... rien à voir avec les ruisseaux de ce matin. Ils ont maintenant l'aspect de petites rivières en ce milieu d'après midi. En 1ère vitesse courte, on se lance. L'eau monte rapidement sur les portières à une hauteur inquiétante, la progression est freinée par des cailloux qui raclent le bas de caisse ... Le conducteur a des sueurs froides, le passager est pris d'une crise nerveuse de fou rire. On s'est vraiment crus coincés pour de bon ! Grosse frayeur mais Jimny s'est en sorti indemne. Pas nous. On décide devant la pluie qui revient (prévision de grossissement des gués) de changer nos plans qui prévoyaient de reprendre la F910 vers l'Est direction Bru, pour rejoindre le barrage de Karahnujukar. Car ce chemin annonce 5 gués supplémentaires ... La plus sage décision est de reprendre le même chemin que celui de ce matin en sens inverse et de rallier Hallormsstadur par Egilsstadir.

Bonne décision quand on voit le débit des rivières grossies depuis ce matin :

askja19.JPG

 

Une fois à proximité de Modrudalur, mauvaise décision que de prendre la piste 901 vers l'Est plutôt que de récupérer la route n°1 à quelques kms au Nord ... Cette piste est vraiment mauvaise avec des cotes et virages sans aucune visibilité. Et dans un brouillard épais, c'est encore pire .  20 kms dans cet enfer avant de rejoindre la route n°1. Rien de tel pour rincer le conducteur en cette fin de journée. Encore 60 kms pour atteindre Egilsstadir. Ville sans aucun intérêt, pourtant capitale de l'Est de l'Islande (2.200 habitants). Plutôt tristounet. On continue jusqu'à Hallormsstadur, encore 25 kms pour atteindre ce hameau perdu en pleine forêt. Le moral est au plus bas dans la voiture, "quand est-ce qu'on arrive ?". Enfin, nous arrivons dans cette forêt, la plus grande d'Islande (2.300 ha) témoin d'un programme de reboisement de l'île engagé au début du siècle. Cette forêt borde le lac Logurinn, renflement du fleuve Lagarfljot, profond de 112m près de Hallormsstadur (soit 92m en dessous du niveau de la mer !). Aussi célèbre que le Loch Ness car hébergerait le cousin de Nessie . Après le désert des hautes terres, toute cette nature est un choc visuel. Bien agréable pour finir la journée.

Nous allons chercher les clés d'un petit chalet privé (avec vue sur le lac) loué sur internet auprès de l'Hôtel Hallormsstadur. Accueil glacial de l'hôtesse. L'hôtel est chic et nous sommes un peu crados après cette journée aventure. Deux éléphants dans un magasin de porcelaine. En plus de ça, la clientèle est plutôt de la catégorie "3e âge". Le chalet se réchauffe rapidement avec le chauffage d'appoint. Nous nous y sentons bien, le lit est douillet. Les estomacs crient famine, encore un effort pour aller se restaurer à la petite station service croisée en arrivant. En chemin, on se croirait dans un parc de loisirs orienté nature : petites routes serpentant dans la forêt, bâtiments discrets disséminés dans une végétation luxuriante, petits oiseaux, petits ruisseaux, petites fleurs... Réveil brutal : le service "hot dog" de la station service est fermé, trop tard pour manger à 19h30 en Islande. Les 2 zozos qui tiennent la station service ne semblent même pas être majeurs. Système D avec le réchaud sur la terrasse du chalet. Au menu : soupe d'asperges et nouilles. Un ventre bien rempli pour un gros dodo sous l'épaisse couette. On est bien ici ...

hallormsstadur1.JPGhallormsstadur2.JPGDemain, on commence par une rando. Pas de répit pour les fainéasses !


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :