L- Lundi 12 juillet 2010 Hofn - Kirkbaejarklaustur

J'ai rien vu de la nuit tellement j'ai écrasé. David a très mal dormi à cause d'un oiseau qui a piaillé toute la nuit. Evidemment, on avait laissé la fenêtre ouverte, juste au-dessus de notre lit. Incroyable, on n'a même pas senti le froid !

Petit déjeûner "do it yourself". On se sert dans le frigo et les placards. A la bonne franquette. L'hôtesse arrive comme promis avec du pain chaud. En fait, c'est du pain d'épices ! Il est plutôt bon mais sacrément épicé (un peu trop de clou de girofle à mon goût). Vraiment une très bonne adresse que cette guesthouse. Très authentique. Accueil comme chez l'habitant.

Nous prenons congé pour retourner à Hofn (on commence à connaître la route par coeur) pour faire réparer l'essuie-glace. Le garage repéré la veille n'ouvre qu'à 10h00 ... Et 9h45, ce n'est pas 10h00 (on nous fait patienter dans la voiture jusqu'à 10 heures tapantes). La pièce à changer n'est pas en stock. Le garagiste nous propose d'utiliser de la colle extra forte en réparation de fortune, le temps de rendre la voiture au loueur (qu'il prévient en parallèle). Pourvu que ça tienne bon jusqu'à mercredi soir !

Et nous voilà repartis, cette fois-ci vers l'Ouest, avec une bonne heure de retard sur le programme de la journée. La pluie nous laisse un peu de répit jusqu'à ce que la colle ait bien pris. On n'a tout de même pas attendu 1h pour tester que la réparation tenait bon ... !

Direction Jokulsarlon, le lac glaciaire (à 80 km). Sur la route, le glacier Vatnajokull est omni-présent de par ses diverses langues glaciaires qui dévalent vers l'océan. Jokulsarlon est décrit dans les forums et les guides comme l'un des lieux les plus magiques d'Islande. Ce n'est pas notre avis. La météo n'était certes pas de la partie (nuages bas et bruine = ambiance sinistre), et nous ne supportions plus de ne plus avoir les sites pour nous tous seuls . Petite ballade dans cette lagune glaciaire (on y sent bien le froid) où le Vatnajokull vient se disloquer en icebergs bleutés, cernés de cendres volcaniques. Beaucoup de touristes (enfin à l'échelle de l'Islande ), la plupart qui font l'excursion sur le lac en bateau amphibie. Point de phoques ni canards ... Ne crachons pas dans la soupe, le décor est tout de même inhabituel, on se croirait au Groenland. 

Les icebergs gagnent la mer par un étroit chenal, pour aller s'échouer sur une plage de sable/galets noirs. C'est là que le spectacle est sublime. Les photographes professionnels s'en donnent à coeur joie.

Des milliards de petites bulles d'air prisonnières de la glace. De l'oxygène préhistorique ?

Nous repartons vers l'Ouest, avec un arrêt sur la route pour tenter d'apercevoir Jokulsarlon avec un peu de hauteur. Des dunes bloquent la vue depuis la route. C'est de là qu'il faut contempler ce lac glaciaire !!!! (et pas depuis le parking). C'est MA-GNI-FI-QUE. Et pourtant la météo n'a pas changé ! On distingue même le glacier qui plonge dans le lac.

Oui, Jokulsarlon est l'un des endroits les plus magiques d'Islande. Nous sommes réconciliés avec les guides.

En route vers un autre lac glaciaire Fjallsarlon,  plus petit. Après une accalmie, le temps s'est à nouveau dégradé. Il pleut maintenant. Seul David sort pour prendre des photos. Je n'ai pas le courage. Le glacier est beaucoup plus près ici. C'est impressionnant. On dirait de la chantilly, ou une grosse meringue.

Ensuite, le décor change du tout au tout : de la verdure et du soleil ! . Nous nous arrêtons à la petite église au toit herbeux de Hof, une trentaine de kms plus loin. 

Cimetière pittoresque entouré d'arbres (assez rare en Islande pour le mentionner) et piqueté de croix blanches. Même les tombes sont herbues. Rien à voir avec nos cimetières sinistres ...

Ah oui, j'ai oublié. La visite était guidée ! par un petit oiseau à grand coffre : pi pi piiiiiiiiii !

Nous reprenons la route vers l'Ouest. Prochain arrêt 20 km plus loin, au Parc National de Skaftafell. Promontoire rocheux au pied du glacier Vatnajokull, faisant face au plus vaste sandur (plaine alluviale de 1000 km2) d'Islande, et bénéficiant d'un micro-climat. Nous choisissons une rando de 2h30 jusqu'à Sjonarnipa, après un passage par l'incontournable Visitor Center. Ca fourmille de touristes. Difficile de se ré-habituer à la "foule". Vite, éloignons-nous. Qui dit promontoire, dit petite montée pour atteindre le sommet . Le décor est boisé et fleuri, c'est agréable. En chemin, nous croisons deux chutes d'eau. La première, Hundafoss, nommée ainsi en raison des chiens qui y étaient entraînés lors de la traversée de la rivière autrefois. La deuxième, Svartifoss, la star du parc, avec ses orgues basaltiques géométriques.

La vue sur le sandur est magnifique sous le soleil.

Des petites rivières aux sédiments orangés .

La récompense de nos efforts : vue plongeante sur la langue glaciaire du Svinafellsjokull. On a l'impression d'observer une bête. C'est presque ça, un glacier est vivant après tout.

Zoom sur le glacier et ses crevasses.

Le temps se gâte ... on se prend un bon grain sur le haut du crâne. Vite, on troque les TS par les vestes gore-tex. Notre quiétude est gâchée par un groupe de randonneurs Français. C'est celui qui dira la plus grosse ânerie sur le glacier ou la région. Et ils n'arrêtent pas de se mettre dans notre champ de vision (d'admiration) du glacier, pour se faire prendre en photo à tour de rôle . La pluie ne les fait pas partir et pour cause ... un superbe spectacle s'offre à nous. Un arc-en-ciel sur glacier .

L'arc-en-ciel commençant à s'estomper, nous nous échappons du groupe de Français. Ils ont la même idée. Vite, vite la re-descente (plutôt bucolique ; bouleaux nains, petites rivières, petits zoziaux) pour les distancer. Aïe mes genoux ....

Une bonne collation dans le Jimny, ça fait du bien. La fatigue se fait sentir. Une petite halte à une autre église traditionnelle sur le chemin, et ensuite, zou, on ne s'arrête plus jusqu'à notre point de chute de la nuit.

Il faut traverser le sandur sur des ponts interminables. Vaste étendue désolée de sables noirs, mélangés aux cendres volcaniques, qui proviennent des crues catastrophiques (appelées jokulhlaup) dues aux éruptions sous glacier des volcans Grimvotn et Graenalon. De nombreuses rivières glaciaires y dessinent leurs méandres jusqu'à la mer, au gré des fontes de glace. C'est assez sinistre, surtout sous la pluie. L'essuie-glace droit tient toujours bon.

Eglise donc à une trentaine de kms, à Nupsstadur. Une de nos préférés, après celle de Budir, indétrônable.

En pierre et en tourbe, elle est située dans un ensemble de petits bâtiments aux toits herbeux, un peu branlants. A côté, une ferme où une vieille dame habite encore. Le site est désert, et boueux. Pas envie que la mamie nous repère pour tailler une bavette. Nous nous faisons les plus discrets possible.

La porte est basse, attention aux têtes. A l'intérieur, c'est rustique et impeccable. Coup de coeur pour cette église.

Allez, plus qu'une trentaine de kms avant d'atteindre la ferme d'Hunkubakkar, juste après Kirkbaejarklaustur (ce qui signifie littéralement église-ferme-cloître). Nous n'avons ni le courage, ni le temps d'explorer ce village célèbre notamment pour ses pavements (orgues basaltiques à fleur de sol) et sa chute d'eau Systrafoss.

Hunkubakkar accueille ses invités dans des chalets en bois individuels, tout confort (avec cuisine et sanitaires). A la réception, notre hôtesse nous conseille d'aller jeter un oeil sur des gorges un peu plus loin, sur la route menant au Lakagigar. Nous y faisons un saut après avoir déposé nos affaires. Le site a l'air très intéressant, mais la pluie et la fatigue nous font reprendre le Jimny vers Kirkbaejarklaustur, pour prendre notre dose d'hamburgers/frites/coca au snack de la station-service. Ca fait quand même du bien par où ça passe. La station-service fait supérette. Nous faisons nos provisions pour le lendemain, car nous serons isolés dans les hautes terres. Retour au logement pour une bonne douche et gros dodo. Demain, excursion into the wild again. J'appréhende un peu après notre dernière expérience dans les gués ...